Marchés 
de
Noël 2012
 


samedi 1er et dimanche 2 décembre 2012

Nous avons été accueillis ce week-end par la commune de Léognan et la non moins sympathique et  énergique équipe organisatrice du marché de Noël. C'était la première. Les années précédentes, la manifestation se déroulait dans le cadre traditionnel d'un salon de l'Art et de l'Artisanat. Beaucoup d'Artistes, il est impossible de les nommer autrement tant le talent, la passion et la beauté étaient au rendez-vous, ont répondu présents. Petite cerise sur le gâteau, le côté festif de l'évènement. À quelques jours des fêtes de Noël et de Fin d'Année, l'occasion était trop belle de se faire et de faire plaisir pour des prix tout à fait abordables et compétitifs.  
          Nous étions logés à la bonne enseigne. Soixante exposants occupaient l'intérieur de la superbe salle des Halles de Gascogne. Vingt autres étaient à l'extérieur. Il s'agissait de tous les artisans à vocation alimentaire qui nécessitaient une bonne ventilation et plus d'espace pour présenter produits locaux et régionaux. Il y avait même un brasseur local qui proposait sa bière à grand coup de petits verres de dégustation et avec modération il va de soi.  Un véritable rendez-vous gastronomique. J'ai été émerveillé par la qualité, le savoir faire et l'originalité des objets d'arts superbement agencés et mis en valeur dans des stands décorés de tissus chatoyants et chamarrés, scintillants et ruisselants de lumières multicolores.

 

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          En clair, nous avons passé un formidable moment de partage et de convivialité, autour d'une équipe chaleureuse et dynamique, aux petits soins pour leurs invités. Je voudrais féliciter et remercier Madame Cigonneau, la Présidente, ses adorables adjointes Mesdames Hurrecho, Lyset, et toutes les sympathiques accompagnatrices et bénévoles qui ont rendu cette heureuse entreprise si agréable. Bravo pour leur investissement et l'énorme travail fait en amont, pendant et après. Mention spéciale à l'attentionné et patient chef de gare qui se reconnaîtra en lisant ces lignes. Remerciements à toi Patrick Loncan, à ta compétente et serviable secrétaire que j'ai eu l'occasion de saluer pendant le marché. Merci à Bernard Fath, maire de Léognan, à François Boulanger, adjoint aux affaires scolaires, sans oublier l'infatigable et volubile Michel Zimmer, adjoint à la culture et combien sympathique Monsieur Loyal qui, par sa performance personnelle a fait que le temps s'est écoulé comme un souffle. Merci pour votre accueil et votre disponibilité.

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samedi 8 décembre 2012

mis en ligne le 10/12/2012
 

          Étant donné l'accueil reçu lors du salon du livre le 14 octobre dernier, nous nous étions promis de retourner sur les lieux du méfait à la première occasion. Alors, quand Carol et Jean-Marie, nos charmants amis, vous savez, les parents (adoptifs) de Cupidon l'âne nain, nous proposent de participer au marché de Noël communal, pas l'ombre d'une hésitation. Nous pressentons par expérience que le moment sera à la hauteur de la situation, convivial et chaleureux, peut-être sulfureux... Mais, obligations professionnelles obligent, notre présence ne sera effective qu'en début d'après-midi. Qu'à cela ne tienne. Dès notre arrivée, Pierre de Biaso, le sympathique maire de la commune, vient nous saluer en personne, escorté de sa charmante compagne et lectrice de la première heure. Je croise plusieurs connaissances, dont Madame la première Magistrate de Faleyras, la commune voisine, que je salue ici avec respect et amitié, qui ont eu la bonne idée de faire l'acquisition de mon livre "Secrets Fraternels", et qui plus est de le lire. De l'avis général, les impressions sont bonnes. Les félicitations fusent. En grand professionnel de la plume que je suis, je reste stoïque et modeste face aux encouragements. Mais mon cœur d'artichaut me trahit. Je rougis jusqu'aux oreilles. Nous finissons de nous installer, nous sirotons un ou deux café en devisant.
          Mais déjà, je m'inquiète. Ma présence était motivée et intéressée. Je suis un impitoyable profiteur devant l'Éternel. Je quémande, interroge. Mine de rien, je glane des informations autour de moi. Je blêmis quand on m'annonce son retard. Je crois être la victime d'un odieux canular. M'aurait-on attiré dans un lamentable traquenard ? Je cherche le réconfort, un soutien moral auprès d'un petit groupe d'enfants qui ne tenant plus en place, s'égosille à perdre haleine : «Père Noël, Père Noël». Je retrouve ma respiration. Une sueur froide coule entre mes omoplates. L'alerte a été chaude. Père Noël sera bien là d'un moment à l'autre.

 


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          L'instant est grave. Dehors, règne une agitation anormale. Les petits fans bousculent sans aucun respect de l'âge parents et anciens. Un mouvement infantile glisse spontanément vers la porte d'entrée que des mains inspirées ont ouvert en grand. Un air vivifiant pénètre dans la salle surchauffée. J'imagine le traineau guidé par ses dix rennes, qui amorce le virage près de la salle des fêtes. Le dernier virage avant l'apparition tant attendue. Un tintinnabulement de clochettes fait craquer les plus fragiles. Un frisson moiré parcourt la multitude. Je tremble d'émotion. Une voix larmoyante s'échappe de la foule en transe, «Il est là !». Mes jambes flageolent. Je sens une perle d'humidité rouler sur ma joue gauche. Joëlle, ma femme, Carol, sa copine, sont à leur tour submergées par l'émotion qui m'envahit. Je dois m'asseoir. Je crois rêver. Père Noël est bien là. On ne m'avait pas menti.
          Je ne dis rien. Je reste dans mon coin. Le regard aqueux, évaporé dans le vague, j'assiste à la distribution des bonbons l'œil bovin, sans broncher, un peu jaloux de cette jeunesse qui s'agrippe désespérément aux pans du manteau du vénérable vieillard au teint couperosé, la star de la journée. Père Noël est assailli de toutes parts. Petits et grands jubilent. Tout à coup le miracle a lieu. Père Noël tourne son regard bienveillant vers moi. Je n'ose y croire, c'est bien moi qu'il reluque de son œil scrutateur. N'écoutant que son cœur généreux il fend la foule, comme Moïse se jouant de la mer Rouge. D'un pas nonchalant il se dirige vers moi. Je sollicite une photo. Accepté. L'émotion m'étreint. C'est trop d'un seul coup. Les copains ne voudront jamais me croire. Il faut immortaliser la scène. Au premier clap, je prend la pose, sans faire de pause, comme ça, d'instinct. Clic-clac, le flash ne s'enclenche pas. Boulettos ! J'ai peur de la bévue de dernière minute, la panne bête qui gâche la fête. Joëlle, sourire radieux accroché aux lèvres, me rassure. C'est dans la boîte. Par sécurité, un second cliché est programmé en cas de mauvaise manip. On assure dans la famille. Père Noël glisse un bonbon enrobé de papier multicolore dans ma main tremblante. Je le serre comme un damné. J'en ferai un précieux talisman.
          - Tiens ! mon petit, me dit-il de sa voix grave et chantante. As-tu été sage ?
          C'est la question piège, le coup de poignard de Brutus à César. «Toi ! mon fils !» (Cléopatre, acte IV, scène III). Je suis pris au dépourvu, je ne m'y attendais pas. C'est la débandade, la Bérézina et Waterloo confondus. J'imagine l'Empereur le soir de la défaite. La citadelle s'écroule comme un vulgaire château de cartes. «O ! Rage, O ! Désespoir, O ! vieillesse ennemie». (Corneille, Le Cid). J'en profite pour réviser mes classiques. Je balaye l'assistance d'un regard désespéré. La peur se lit sur mon faciès rugueux. L'assemblée retient sa respiration. Un silence angoissant m'enveloppe. J'aimerai être ailleurs. J'incline le chef, confus et honteux à la fois. J'hésite encore. Dans ma tête, la voix de maman résonne comme un avertissement à la prudence : « Papa Noël voit tout, Papa Noël sait tout. Il ne faut pas lui mentir». Je joue la carte de la sagesse. S'en apercevra-t-il si je détourne la conversation ? Je lui demande des nouvelles de Mère Noël. Le stratagème à l'air de fonctionner. Je souffle d'aise quand il me demande :
          - Alors ! mon petit, qu'as-tu commandé ?
          L'œil frémissant, fier comme si j'avais un bar-tabac, je croise le regard de Joëlle. Le léger sourire qui plisse ses lèvres couleur cerise semble m'encourager. De ma poche je sors la liste. Pas celle de Schindler, ni des commissions. Non ! Ma liste à moi, rien que ma mienne. Celle que je peaufine depuis des années maintenant. Pas une rature, pas un pâté. L'encre est savamment dosée. À peine un reflet violet pailleté pour ne pas agresser la vue de Père Noël et lui être agréable (je sais qu'il a un faible pour les paillettes). Tout est nickel. Les pleines, les déliées, les rondes. J'ai fait traditionnel. J'ai utilisé un calame taillé avec soin, écriture en cursive, le tout dans un style calligraphié avec des fioritures plein partout pour donner du cachet. Du grand art. J'ai l'intention d'impressionner Père Noël. Je déroule ma liste, façon rouleau de PQ molletonné (on m'a dit qu'il était sujet aux hémorroïdes), et d'une voix à peine audible, tel un pénitent implorant les nuées, je me lance dans un lent et sentencieux monologue :
          - une feurrari rouge, une promotion gratifiante dans mon boulot, une résidence secondaire aux Bahamas, toucher l'euro million, un appart grand standing vue plongeante sur la Baie des Anges, un petit bateau ( si possible, le Méga-yacht RFF Porsche Design Studio avec bar intégré), une carte bleue crédit illimité au Casino de Monte-Carlo, une suite royale à l'année à Vegas, la retraite anticipée sans perte de salaire...
          J'ai l'impression que Père Noël s'impatiente. Il a encore du monde à voir. J'abrège, je vais au plus simple de peur de le monopoliser pour moi seul. Je suis invité, je ne veux pas abuser de la situation comme certains l'auraient fait. Ignobles personnages.
           - ...et le prix Goncourt à la prochaine rentrée littéraire, dis-je dans un souffle aérien, heureux comme un pape, radieux comme un sous neuf.
           - C'est tout ? insiste Père Noël. Tu n'as rien oublié ?
          Je n'en crois pas mes entonnoirs à musique. Il en veut encore le vieux bonhomme aux yeux pétillants d'intelligence. J'allais continuer, mais d'un signe discret, Joëlle me fait comprendre que je ne dois pas exagérer. Presque à regret, ni une ni deux, n'écoutant que l'élan de mon cœur à la sensibilité débordante, à la surprise générale, je lâche d'un ton badin qui fait frissonner l'auditoire  d'un spasme d'approbation :
           - Un herpès purulent pour mon percepteur, et la petite vérole pour mon banquier.
           - C'est bien mon petit, mais fais attention, ton bon cœur te perdra, me conseille l'auguste ancêtre.
           Je prend note. Puis, alors que tout le monde se désintéresse de moi et replonge dans la liesse extatique, il me glisse à l'oreille comme un murmure, un doux susurrement qui me fait vibrer de la tête au pied :
            - Tu crois encore au Père Noël ?
           Elles se sont bien moquées de moi, les mauvaises langues qui criaient sur les toits que le Père Noël était une ordure. Moi, j'ai bien la preuve que non. Vivement le jour de Noël. Je n'ai pas perdu de temps. J'ai astiqué mes esclops. J'espère qu'ils sont assez grands pour que tout tienne dedans. Je ne désespère pas. Je chausse ample. Du 45. Mais comme je n'aime pas être pris au dépourvu, j'ai acheté du 46. On ne sait jamais. Mieux vaux être prévoyant que négligeant.


 

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        samedi 15 décembre 2012
mis en ligne le 16/12/2012

 

L'aventure des marchés de Noël continue et nous entraîne vers des horizons toujours renouvelés. Monségur ne faillit pas à la tradition et nous réserve son lot de surprises. Pour notre dernier rendez-vous itinérant, il faut bien reconnaître que le hasard, encore une fois, a joliment fait des siennes. Mais je me pose une question. Est-ce bien le hasard ? N'y a-t-il rien d'autre qui nous pousse, nous attire, nous oblige inconsciemment à mettre nos pas dans une direction prédestinée, longtemps établie à l'avance ?
          Je me le demande ! je vous le demande !
Voilà un bon thème de réflexion personnelle et de méditation collective. En ce qui me concerne, j'ai fait un bond de 35 ans dans le passé. Ce n'est pas rien. Une paille. Une partie de mon adolescence m'attendait là, à Monségur, en ce samedi pluvieux du 15 décembre 2012. Pratiquement en face de moi. Quelle surprise ! N'est-ce pas Christine ?
          Nous avons quitté Bordeaux sous la grisaille. Non content de verser notre écot au passage, le péage de Saint Selve nous accueille sous des trombes d'eau. La journée risque d'être humide. Qu'à cela ne tienne, notre esprit aventureux nous pousse à occulter cette regrettable réalité.
          Les contreforts de La Réole se dessinent sur la gauche. À droite, Dame Garonne s'étire mollement entre les arbres frileux qui tendent leurs bras décharnés vers le ciel tristounet. Une dentelle de brume nimbe les berges quand, dans le petit matin blême,  nous bifurquons sur la départementale 668 en direction de notre point de chute, Monségur. Le temps semble se dégager. Sur une route en lacet nous abordons une succession de petits virages. Entre tons roux et tons vineux, les parcelles de vignes s'étalent, majestueuses, sur cette terre d'Entre-deux-Mer où les sillons retournés et la glèbe grasse dévoilent un terroir séculairement riche en fragrances telluriques et en couleurs automnales.
          Dans l'habitacle calfeutré, peut-être un peu trop surchauffé, je ronronne voluptueusement comme un matou en goguette. L'esprit de Beethoven, aérien, plane et m'enveloppe. La sonate "Clair de lune" s'égrène en un subtil chapelet d'accords cristallins. Blanches ivoire et noires ébène virevoltent dans l'espace confiné et me plongent dans une solitude contemplative. Intérieurement, je frémis. Des vibrations m'assaillent de tous les côtés. Je lève un peu le pied. Je suis bien. Il ne me manque qu'une paire d'ailes pour prendre mon envol. Ces paysages d'éternité m'ont toujours ému. Comme par magie, une trouée de ciel bleu déchire la grisaille. Jouant des coudes, le soleil batailleur décoche quelques rayons en éclaireurs, traçant ainsi un chemin de lumière devant les roues du Scenic.
          Le ciel s'ouvre. Une nuée d'anges claironne un Alléluia flamboyant. Dans son chariot de feu, le Grand… Non ! Là, je rigole. Néanmoins, je me sens ailleurs. Au fur et à mesure que je m'enfonce dans la campagne, les panneaux indicateurs dardent leurs pointes directionnelles vers châteaux et églises d'un autre âge. Dans la région, le patrimoine architectural et historique ne laisse pas indifférent. Sur cette terre mêlée de la sueur et du sang des hommes, la pierre parle, chante, crie. Chaude et blonde, elle accompagne le visiteur à chaque traversée de petits villages qui jalonnent la route.
          Ce Monségur n'est pas celui des Cathares. Pourtant son évocation me plonge dans d'autres réflexions plus profondes. Mais ça, c'est pour moi. Juste pour moi. Je ne partage pas. Monségur en Guyenne n'en reste pas moins un lieu chargé d'un passé lointain où les hommes ont forgé l'histoire en remuant le fer et en soufflant le feu. Dominant la vallée du Drop, un affluent de la Garonne, à la limite de la Gironde et du Lot et Garonne, la Bastide fondée en 1265 par Éléonore de Provence, reine d'Angleterre, affiche une tranquillité débonnaire quand, longeant les vieux remparts, je pénètre dans la citadelle. Ici, les pierres sont vénérables, les façades impénétrables, les arcades détentrices des lourds secrets des hommes que l'aile du vent a relayé de plaine en plaine, de colline en colline. Comme toute bastide qui se respecte, le cœur de la cité est occupé par la place du marché. Elle se concrétise par une sublime halle couverte, style Eiffel (je vous invite à la découvrir dans le diaporama). C'est sous cette auguste charpente métallique que se tient le marché de Noël, et que plus tard, dans l'après-midi, mon ami, vous savez, Père Noël, fera son apparition.
          Pour l'occasion, et rien que pour me faire plaisir, il délaissera son attelage traditionnel pour une monture plus pratique et pétaradante. Les ruelles sont étroites à Monségur, les virages difficiles à négocier. Effectivement, il arrivera, fringant, sur son destrier blanc, lançant des O ! O ! O ! à la cantonade, bisoucaillant donzelles et gentes dames qui se pâment sur son passage. Une surprise de taille nous attend. Il n'est pas venu seul. Cette année, il a voulu mettre les femmes à l'honneur. Mère Noël l'accompagne. Je crois rêver, j'en aperçois trois. D'un sourire entendu, il pose son index sur ses lèvres couvertes de barbe et m'adresse un clin d'œil complice. Dans ces yeux pétillants et rieurs passe une onde de malice. Entouré d'enfants et d'elfes gesticulants, distribuant bonbons et sourires, Père Noël donne de sa personne sans compter. Devant une joyeuse assemblée, Mères Noël, elfes et Père Noël, poussent la chansonnette, suivis par la foule conquise.
          La journée s'achève dans la bonne humeur et l'allégresse. Encore un moment de partages, de rencontres inédites, d'échanges. Nos différences nous enrichissent et nous font avancer. Aujourd'hui, j'ai reçu mon salaire. La parole a circulé, le Verbe était roi, la fraternité au rendez-vous. Merci Monségur, merci les bénévoles, merci les organisateurs, pour votre accueil. 
  
 

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